L’anarchie qui caractérise nos tissus urbains génère une dégradation du tissu social. Le chômage est, sans doute, pour beaucoup dans cette situation. Mais ce n’est pas le seul adjuvant qu’il faut mettre à l’index. D’autres causes tiennent le haut du pavé en la matière. Notamment le laisser-aller des autorités et les indélébiles séquelles du maillage sécuritaire hérité de l’ère Basri.
Certaines de nos villes se sont ainsi transformées, en quelques années, en un lieu de désordre, de malbouffe et de malaises sociaux incommensurables. Des odes à l’anarchie qu’il serait malvenu de décliner comme on déclamerait n’importe quel poème.
Qui d’entre nous n’a jamais été témoin de scènes de voitures qui foncent sur les piétons et passent au rouge, de jeunes qui agressent verbalement les passantes, de badauds qui observent sans bouger une rixe ou un accident de la circulation, d’agents de nettoyage qui font semblant de balayer tout en feignant de ne pas voir les ordures, … ? Autant de situations qui dénotent d’une certaine manière de vivre qui a actuellement le vent en poupe et qui en dit long sur nous-mêmes.
Condamnées au «système D», les personnes démunies se sont inventé de nouvelles règles de conduite où la violence le dispute à l’âpreté du combat qu’elles mènent pour assurer leur propre subsistance. L’essentiel, pour elles, est de « se mettre à l’abri » de la misère, mais, le pire, c’est que ce système de débrouillardise est devenu une
«valeur» essentielle de la société. Une valeur-refuge qui sous-tend nombre de comportements déviants qui nuisent gravement à l’ensemble de la société tout en reléguant aux calendes grecques la réalisation de ses aspirations au développement, à l’équité et à la modernité.
La lutte contre l’incivisme est sans doute un chantier fort difficile à lancer puisqu’il nécessite de remettre les vraies valeurs à leur juste place, mais il est temps de s’y atteler. Il y a, en effet, urgence.